SiLVIA SEOVA. Photographies de 1987 à 2009

















En novembre 1987, je vivais à Paris depuis un an : seule, désoeuvrée et en possession d'un appareil-photo. Ces trois privilèges alliés à une grande curiosité ont fait de moi ce que je suis encore : photographe accidentelle. La rencontre, en février 1988 avec ma compatriote, l'artiste-peintre Vieira da Silva, a décidé d'un choix : photographier les gens. L'appareil-photo, pour quelqu'un de timide (malgré les apparences) comme je l'étais et reste, est un moyen d'aller vers les autres. Ces autres, ce sont des hommes et des femmes qui aiment lire autant ou plus que moi ; qui écrivent des livres, les traduisent, les éditent, les habitent et sont habités par eux. Ce sont des enfants. Ils sont universels. Ce sont des âmes soeurs.

En février 1995, comme couronnement d'une grave crise personnelle, j'ai détruit onze pellicules que je venais d'imprimer et décidé l'arrêt définitif de mon activité photographique. J'ai récidivé un an plus tard. J'ai photographié les statues brisées du Parc de Sceaux, la série des roses qui est dans mon livre, Sacrifice. J'ai jugé ces images mauvaises. Nouvel arrêt définitif.
On m'a pressée de revenir. J'ai repris la photographie en juillet 2002. Cette fois-ci, je me suis rapprochée davantage de mes modèles de chair : seuls les visages m'intéressaient. Visages, que d'autres appelleront des masques, sans ornement, sans nulle composition autre que le cadrage, sans autre lumière qu'un peu de nuit dans le jour.
En décembre 2004, j'ai cessé de me cacher derrière l'objectif. Le décalage de mon corps, de l'oeil par rapport à la vision que l'on obtient quand on se positionne derrière l'objectif permet un véritable face à face : photographier en aveugle. C'est l'autoportrait. La rencontre, cette année-là, avec l'écrivain Richard Millet, a décidé d'un livre : Sacrifice. Mais, lointaine, lasse face à la crise photographique, j'ai prononcé de nouveau l'arrêt définitif.
Il ne faut jurer de rien. C'est pourquoi j'ai dit oui quand, récemment, on m'a pressée, une fois de plus, de revenir. Il faudrait, disent-ils, aller plus loin dans l'inachèvement.
Il est vrai que dans mon coeur, je n'ai jamais dit non.
Ainsi, dans un bruissement de mots qui ne relève d'autre choix que celui de mes lectures personnelles, sans projet, sans subir la pression des modes ni le poids d'aucune certitude, je continue de semer des petits cailloux durs pour marquer mon passage. L'accidentel d'autrefois est devenu destin. Cheminement.


Les Rosiers sur Loire, janvier 2010















CHEMINEMENT 1. âmesoeurs 1988 - 1994 




























































































2. PHOTOGRAPHIES 1987 - 1994






















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Puis mourez : dites qui vous êtes. 
Christian Hubin
Ce qui est























SACRIFICE 

Choix de photographies

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1990 - 1996











































































































































Les blessures sont des nids de fleurs.
Antonio Porchia


Voix abandonnées












































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